Liliroze, Confidence
Liliroze, Confidences, HC Editions, Novembre 2012
Edition collector limitée à 80 exemplaires sous fourreau. Accompagné d'un tirage 20x28cm signé et numéroté à choisir entre quatre images (Eden 5, Vanité 21, Nymphéa 12 et In love 13)
Plus de 200 photographies noir et blanc et couleurs.
Textes : Luc Catania, Régis Clinquart, Cléo Collomb, Danielle Collomb, Philippe Comte,Vincent Heristchiet Liliroze.
Préface : Philippe Castro
Format : 24 x 31 cm - 256 pages
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Flous résonnants comme un rêve, contours imprécis, les photographies de cet album mettent en avant la grâce et l’intime, transcendant la confidence comme un tableau.
Quelques impressions:
Il est des regards qui sont des alliances. Une relation de confiance, une évidence.
Liliroze.
Son regard. Un équilibre toujours unique, sans cesse rejoué, que tout aurait pu faire basculer.
Une sensibilité funambule du monde, qui donne à ce qui aurait pu ne jamais arriver,
l’allure de ce qui a toujours été.
Et vice-versa.
Son écoute habite les marges, là où le réel s’est tu.
Ses images parlent de ce qu’il y a à oublier.
Ou à se souvenir.
Le temps, l’amour, les illusions, les fuites, la profondeur du ciel, du hasard ou de l’Océan.
Les parfums et la nécessité. La mémoire de ce qui n’a jamais eu lieu.
Quelque part entre le monde et soi, des silences pour témoin.
Et l’ailleurs d’une image.
Cléo Collomb
Les Confidences de Liliroze, ce sont de beaux clichés, au sens large du terme. Rien ne manque à cet ouvrage pour être qualifié de « beau livre ». La préface d'un élu institutionnel, Philippe Castro, Secrétaire général du Conseil culturel de l’Union pour la Méditerranée, le légitime d'emblée. Suivant la tradition, on retrouve la «note d'intention», les «confidences» de la photographe, laquelle justifie son travail par un souvenir d'enfance imprimé sur un cliché de famille. Les photographies de Liliroze profitent d'un écrin de taille assez large pour leur donner à chacune «ordre et beauté, luxe, calme et volupté». (N'ayons pas peur de recycler, sur le modèle de la préface, les mots de Baudelaire). Les séries y sont discrètement introduites par quelques vers qui soulignent la sensibilité, la poésie et la finesse du travail photographique. Parfois, ils donneront même la profondeur de sens qui manque aux images dont les titres explicitent un univers déjà évident. Penchons nous sur l'une d'elles, intitulée «La noyée». En arrière plan: un rivage mélancolique, un horizon grisâtre et lourd. Au premier plan: une robe de soie rose pâle recrachée là, bien à plat, par les flots. La légende explicative livrée par le titre était-elle indispensable?
Néanmoins, entre esthétique des années 30 et tonalité gothique, le chapitre «Instants» nous livre une vision féminine délicatement parfumée par des lieux communs. La sensualité orientale s'y exprime dans un flou délicat qui conjugue toute l'imagerie conventionnelle: des nuances chaudes, de riches parures, des soieries volubiles, la jambe ou le ventre dénudé d'une danseuse (Orient, 2002). Les portraits de ces femmes, adroitement mises en scène, se confondent avec une adaptation photographique des lithographies de Mucha, sans pour autant initier un « Art nouveau ». D'autres, comme Olympia, s'essayent à donner un visage moderne aux femmes alanguies d'Ingres ou de Manet, éternellement accompagnés de titres sans équivoque.
Il faut noter que la série Motel diversifie les modèles. Ce sont des scènes de vie, des personnages typiquement «atypiques» dans le décor prototypique d'un motel. L'ambiance «rétro» y est traduite par les costumes des sujets, une tonalité sépia et un cadre artificiellement usé. Derrière une ambiance linéaire, mise en relief par le langage cru de l'écrivain Régis Clinquart en introduction, cette série de clichés jongle avec les genres. Le grotesque du couple Mr et Mrs X , côtoie le genre romantique de cet autre couple en Permission. La morosité de Pay Day relaie le genre fantastique de Gipsy King. L'intitulé de la série «L'Entre-Deux» parle de lui-même : associations antithétiques- absence/ présence, vie/ mort, nu/ vêtu-, évanescence spectrale, jeu sur les contrastes, le flou et la transparence.
L'organisation de l'ouvrage rompt cependant la linéarité de ce travail en insérant, au centre, la série "Les Temps morts". Dépouillée de titres, seulement quelques mots dans la marge du cadre, le format polaroïd de ces photographies transmet une vision humble, spontanée et instantanée. Ces images, aux sujets aléatoires et fortuits, conservent le mystère de la dérive photographique.
Sans aucun doute, Confidences est un bel ouvrage. Les reproductions, d'excellentes qualités, profitent d'une mise en page propre et valorisante. Il présente des photographies dont l'esthétique flatte l'oeil, peut-être apaise-t-elle l'esprit à défaut de heurter les impressions, de réveiller les sens ou de renouveler les perspectives photographiques.
Orianne Hidalgo